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La mobilisation contre le projet de loi El Khomri reprend de l’ampleur à Tarbes

vendredi 20 mai 2016 par Rédaction

Un rendez-vous social réussi pour les opposants à la loi « Travail ». Plus de 1500 personnes, 2600 selon les syndicats, ont défilé jeudi dans les rues de Tarbes, à l’appel de l’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires. Le mouvement a peut-être trouvé son second souffle, alors que le texte de loi doit désormais être présenté au Sénat, avant une deuxième lecture à l’Assemblée Nationale.

Ils se rassemblent par petits groupes devant la Bourse du Travail, ce matin blafard du jeudi 19 mai 2016. Sans se presser, comme s’ils prenaient déjà date pour les futures mobilisations printanières. Les militants de la CGT règlent un problème de sono sur la camionnette qui anime les manifestations. On se chambre gentiment entre militants. Christophe Blanchard, de Solidaires, et Francis Capdevielle, de la CGT, luttent contre un vent défavorable pour déployer la banderole de tête. « On se croirait dans un match de rugby, avant le passage de la pénalité ! ». Les opposants à la loi El Khomri font défiler leurs drapeaux : CGT, FO, FSU, SUD, Solidaires, pour les syndicats. ATTAC et Nuit Debout pour les collectifs citoyens. Parti de Gauche, NPA et Lutte Ouvrière pour les partis politiques. Quelques jeunes rejoignent le rassemblement et déploient sur la pelouse leur banderole : « lycéens, étudiants, retrait de la loi Travail ». La manifestation s’ébranle d’abord en silence, avant que la sono renaisse de ses cendres. Du coup, les roulements de tambour, les coups de sifflet et les slogans éclatent dans le ciel tarbais. Chétif au démarrage, le cortège prend de l’ampleur au fur et à mesure de l’arrivée des retardataires. Plus de 1500 personnes, 2600 selon les syndicats, battent le pavé pour exiger « le retrait de la loi El Khomri-Valls-Hollande-Gattaz ».

Au cœur de la manifestation, une banderole énigmatique se distingue. Celle des salariés d’Alstom syndiqués à la CGT. Elle est joliment décorée par trois personnages tirés de la célèbre bande dessinée de Peyo, les « Schtroumpfs ». Plusieurs opposants à la loi « Travail » jouent ainsi la carte de la dérision. Une pancarte brandie par des militants du Parti de Gauche porte ces mots : « Nous sommes pour plus de justice, plus d’éducation, plus de partage des richesses, et on nous traite d’extrémistes ? ». Une autre pancarte cite les propos de François Hollande en 2006 : « le 49.3 est une brutalité, un déni de démocratie ».

Le message politique des manifestants est sans ambiguïté. « Démocratie, écoutez le peuple ! C’est nous qui votons … », affiche une jeune femme. « Le peuple est souverain, il faut le respecter », proclame la banderole de la CGT des Territoriaux. Et la détermination à construire un mouvement durable se lit aussi sur d’autres banderoles. « On ne négocie pas le recul social, on le combat par la grève », brandit un responsable de Force Ouvrière. « Tous ensemble, public, privé, pour les mêmes droits, pour les mêmes salaires », affichent les militants « Santé et action sociale CGT 65 ». De leur côté, les membres du collectif « Nuit Debout » continuent à porter leur banderole appelant à « la convergence des luttes ».

Place de Verdun, c’est José Navarro, l’un des responsables de la CGT, qui lit la déclaration intersyndicale. « Nous condamnons toutes les violences qui se produisent lors des manifestations en France. Mais nous condamnons aussi la violence sociale que subit le monde du travail aujourd’hui ». Les syndicats ciblent les deux députés de la majorité gouvernementale, Jean Glavany et Jeanine Dubié. « S’ils se sentent floués eux aussi, pourquoi n’ont-ils pas voté la motion de censure du gouvernement ? Pourquoi fuient-ils sans cesse leur propre responsabilité ». Ils évoquent aussi une motion du Parti Socialiste, votée lors du congrès de Poitiers les 6 et 7 juin 2015, qui prend le contre-pied de la loi El Khomri. « La démocratie sociale que nous devons construire doit s’appuyer sur un syndicalisme fort et respecté, constructif sur l’innovation, intransigeant sur les régressions sociales. Et puis, il faut rétablir la hiérarchie des normes : la loi est plus forte que l’accord collectif lui-même et s’impose au contrat de travail ».

Les syndicats appellent à « amplifier et élargir l’action. Déjà, dans le secteur de la chimie, dans les transports, chez les cheminots, des actions reconductibles sont lancées. Partout, dans les entreprises, tenons des assemblées générales pour décider des suites et des formes de l’action. D’ores et déjà, une manifestation nationale à Paris est en préparation ».

L’intersyndicale conclut en déroulant le scénario des prochaines semaines. « Il reste encore l’examen de la loi au Sénat. Viendra ensuite son examen en deuxième lecture à l’Assemblée. Et là, nos chers députés vont devoir de nouveau nous rendre des comptes. On ne se refera pas avoir une deuxième fois ! Oui, nous sommes profondément déterminés, et nous allons gagner ».

Jean-François Courtille