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Entre 3000 et 5000 personnes défilent à Tarbes contre le projet El Khomri

jeudi 31 mars 2016 par Rédaction

La mobilisation contre le projet de loi « Travail » s’amplifie dans les Hautes-Pyrénées : plus de 3000 personnes, 5000 selon les syndicats, sont descendues dans les rues de Tarbes jeudi matin. L’appel de l’intersyndicale Solidaires-CGT-FO-FSU-UNEF a suscité la plus grosse manifestation depuis le début du mouvement social. Près de 500 jeunes, parmi lesquels plusieurs étudiants de l’Ecole supérieure d’art des Pyrénées, ont participé au défilé.

Ils sont arrivés par petits groupes ce jeudi matin, sous la bruine matinale, pour se regrouper devant la Bourse du Travail de Tarbes. Les lycéens viennent de Marie Curie, de Théophile Gautier ou de Jeanne d’Arc à Tarbes. Les étudiants arrivent de l’Ecole supérieure d’art des Pyrénées, de l’IUT ou des sections BTS du lycée Marie Curie. Plusieurs jeunes en recherche d’emploi ou en précarité professionnelle sont présents. Du côté des adultes, le secteur privé est représenté par les salariés de Socata, Euralis, Eiffage, Leclerc, d’une usine de Pierrefitte ou de la Mutuelle Sociale Agricole. Et par les salariés d’associations comme « Pyrène Plus », La Ligue de l’Enseignement ou l’ADAPEI. Le secteur public est très présent : personnel soignant des hôpitaux de Tarbes, Bagnères et Lannemezan. Pompiers, cheminots, enseignants, postiers. Agents des impôts, de l’URSSAF, de la CAF, de la CPAM, d’EDF, du Pôle emploi, de la Ville de Tarbes … Sans oublier les nombreux retraités, toujours fidèles au rendez-vous lancé par l’intersyndicale Solidaires-CGT-FO-FSU-UNEF.

Après avoir écouté « Les Colporteurs » chanter leur tube « Barriochino » dans la sono de la CGT, les jeunes lancent la manifestation, laissant derrière eux un massif de lilas en fleurs, comme une promesse de printemps. Une lycéenne arbore sur son tee-shirt un message éloquent : « nous ne voulons pas perdre notre vie pour la gagner ». Les pancartes surgissent de toutes parts, exprimant la colère et les espoirs des jeunes Bigourdans : « Respectez notre avenir ! Regarde ta Rolex, elle est à l’heure de la révolte. Ton projet est pourrave, on n’est pas des esclaves. Cette loi est une khonerie ». Et bien sûr, l’inusable slogan de toutes les manifestations anti-gouvernementales de l’histoire sociale : « El Khomri, t’es foutue, la jeunesse est dans la rue ». Sans oublier le hashtag à la mode sur Twitter : « On vaut mieux que ça ! ».

Le cortège se déplie comme un long ruban bariolé et sonore. De l’avenue de la Marne à la Préfecture, en passant par la rue du Maréchal Foch et la place de Verdun, les manifestants de toutes les générations communient dans un même rejet du projet de loi « Travail ». Les étudiants de l’Ecole supérieure d’art des Pyrénées, au jardin Massey, ont déployé pour la première fois une banderole portant ces mots : « Ecole d’art solidaire ». Maëlle et ses copains sont venus pour « protester contre la fermeture de nombreuses écoles d’art en France, comme celles d’Angoulême, d’Avignon et de Perpignan. La dernière classe préparatoire de Midi-Pyrénées vient aussi de fermer. La création artistique est menacée ». Six jeunes filles en classe de première au lycée Marie Curie annoncent d’emblée la couleur : « nous sommes prêtes à refaire Mai 68 si c’est nécessaire ». Elles dénoncent un projet de loi « qui menace clairement notre avenir. Nous ne voulons pas demain être obligées de travailler plus pour gagner moins ». Elles tiennent à rappeler que « les jeunes ne sont pas passifs. Ils sont capables de prendre leur destinée en mains ». Mathieu, jeune artisan en situation précaire, rejette un projet « qui n’améliorera d’aucune manière ma situation professionnelle. La remise en cause des conventions collectives, avec la priorité aux accords d’entreprise, renforcera encore la fragilité des salariés en contrats précaires ».

Une thèse confirmée par Laure, membre du personnel soignant de l’Hôpital de Lannemezan. « Dans le milieu hospitalier, aujourd’hui, les contrats privés sont devenus les variables d’ajustement des restrictions budgétaires. Alors que nous avons au contraire besoin de renforts, dans un métier qui nous use prématurément ». De son côté, Jocelyne, qui travaille à l’URSSAF, s’inquiète de voir la diminution annoncée des cotisations patronales, qui pourrait « compromettre l’avenir de la Sécurité sociale ». Claude, travailleuse handicapée de l’ADAPEI, manifeste pour « faire entendre la voix de tous les salariés, qui ont droit au respect et à la dignité, quels qu’ils soient ». Les employés d’une usine de Pierrefitte défilent « par solidarité envers tous les travailleurs en situation précaire ». A la Préfecture, les responsables des syndicats professionnels détaillent à nouveau leurs arguments pour demander le retrait du projet de loi El Khomri. Et un jeune du lycée Marie Curie lance l’appel à « poursuivre la mobilisation, en revenant manifester le 5 avril et le 9 avril ». Sur la place devant la Cathédrale Notre-Dame de la Sède, un étudiant brandit une pancarte au message éloquent : « Oui au travail, non à l’esclavage ! ».

Jean-François Courtille

PHOTOS J-F COURTILLE