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500 manifestants à Tarbes contre le projet El Khomri (ACTUALISÉ)

jeudi 17 mars 2016 par Rédaction

Près de 500 personnes ont défilé jeudi midi dans les rues de Tarbes pour demander le retrait du projet El Khomri. En tête de la manifestation, plus de 250 jeunes, lycéens, étudiants, et demandeurs d’emploi, très inquiets pour leur avenir. De leur côté, les salariés avaient répondu à l’appel de la CGT, de FO, de Solidaires et de la FSU. Le cortège s’est arrêté devant le siège du Parti socialiste des Hautes-Pyrénées, avant de se rassembler devant la Préfecture.

Tambours, sifflets, mégaphones et sirènes : les 500 manifestants qui ont défilé jeudi dans les rues de Tarbes contre le projet El Khomri se sont donné les moyens d’être entendus. Le cortège, parti de la place de Verdun, a emprunté un itinéraire inhabituel, en passant devant le siège du Parti socialiste, en signe de protestation symbolique. A la Préfecture, les manifestants se sont rassemblés pour écouter la déclaration commune de la CGT, de FO, de Solidaires et de la FSU, présentée par François Dousseau, secrétaire général de l’UD CGT. Mais cette fois-ci, les jeunes étaient plus nombreux que les adultes. Jeunes demandeurs d’emploi, lycéens venus des établissements Reffye et Marie Curie de Tarbes ou Sixte-Vignon d’Aureilhan, étudiants de l’IUT, ils ont confié leur colère et leur inquiétude à propos du projet de loi sur le travail.

« La loi va permettre aux entreprises de licencier plus facilement, et les employeurs vont en abuser », craint Emma, lycéenne à Reffye. « Pour notre avenir, cette loi est dangereuse. Nous sommes décidés à manifester tant que ce sera nécessaire ». Sarah, déléguée de sa classe au lycée Reffye, qualifie la loi « d’insulte envers les jeunes ». Elle assure que les lycéens vont « se battre pour défendre les droits qui ont été conquis par nos aînés après de longues années de lutte sociale ». Emma, Sarah et leurs copines essaient de mobiliser d’autres jeunes de leur lycée contre ce projet de loi. « Beaucoup d’entre eux ne sont pas conscients de ce qui est en train de se préparer. S’ils ne se bougent pas, dans quelques années, ils viendront pleurer mais ce sera trop tard ! ».

Pierre, jeune électricien, est en recherche d’emploi depuis quatre mois. Il cumule les contrats précaires. « La philosophie de ce projet de loi El Khomri est de soumettre le salarié à l’employeur. Cela va à l’encontre de la raison d’être du Code du travail, qui est de protéger les personnes les plus fragiles ». Florian, lycéen à Sixte-Vignon, manifeste car il refuse d’être « obligé de travailler plus de 40 heures par semaine ». Révolté contre le projet de loi, il lance en direction des responsables politiques : « c’est notre avenir qui est en jeu, pas le leur ». Txomin, étudiant à l’IUT en formation de Gestion des Entreprises et Administration, a répondu à l’appel de l’UNEF. « Nous ne sommes pas d’accord avec cette loi. Elle a tellement de défauts qu’elle mérite seulement un retrait pur et simple ». Il évoque notamment « les facilités pour licencier, la possibilité d’abuser du régime des heures supplémentaires, et aussi le plafonnement des indemnités de licenciement ».

Aux côtés des jeunes, les adultes se sont aussi mobilisés pour cette manifestation, à l’appel de quatre syndicats professionnels. « Le Code du travail va être cassé », dénonce Yves, salarié chez Leclerc. « Nous avons aujourd’hui de moins en moins de salariés en Contrat à Durée Indéterminée dans le secteur de la grande distribution. Avec la loi El Khomri, les salariés en CDI seront progressivement remplacés par des étudiants à qui on n’accordera que des contrats précaires ». Marcel et Sylvie, membres de l’association ATTAC 65, ont aussi rejoint la manifestation. « Nous participons à ce mouvement social car nous estimons que les salariés et les demandeurs d’emploi ne doivent pas être les ‘variables d’ajustement’ des intérêts du monde de la finance. Le rôle de l’Etat devrait être de protéger les gens. Avec la loi El Khomri, le gouvernement se plie aux désirs du MEDEF ! ».

Sur le parvis de la Préfecture, après un nouveau concert de sifflets, de sirènes et de tambours, François Dousseau, secrétaire général de l’UD CGT, lit la déclaration commune rédigée par l’intersyndicale FO-FSU-Solidaires-CGT. « Après la mobilisation du 9 mars, le gouvernement recule, mais il maintient le projet de loi ‘anti-travail’. Les salariés, les jeunes et l’ensemble des citoyens ne sont pas dupes. Les manipulations et les manœuvres doivent être vouées à l’échec ». Les syndicats estiment que « la relation de travail et le contrat de travail restent fragilisés. Tous les articles instaurant la précarité permanente demeurent. C’est le retour du CPE de Villepin pour tous et en pire ! ».

Ils stigmatisent un projet, selon eux, « complètement destructeur pour les droits des salariés. Dans le sens inverse de l’histoire, la visée progressiste de garanties pour tous, d’égalité entre tous les salariés, est mise à la poubelle au profit d’un concept du XIXème siècle : le contrat de gré à gré avec le patron de droit divin ! ». Les syndicats appellent à nouveau les citoyens à se mobiliser, aux côtés des jeunes, pour le 24 mars, « jour de présentation du projet de loi en conseil des ministres », et pour le 31 mars, « jour de l’appel national unitaire, une énorme journée de manifestation et de grève ».

Avant la dispersion du rassemblement, Sarah, lycéenne à Reffye, enfonce le clou : « le gouvernement ferait bien de prendre notre mouvement de protestation au sérieux ! ».

Jean-François Courtille

PHOTOS Jean-François COURTILLE