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« Lutter contre la fracture-mobilité »

samedi 13 février 2016 par Rédaction

Alors que les chrétiens entrent dans la période du Carême, Alain Peyronneau, nouveau président du Secours catholique de Pyrénées-Gascogne, établit un diagnostic des pauvretés dans les départements du Gers et des Hautes-Pyrénées. Il explique les priorités d’actions du mouvement caritatif, pour tenter de combattre la montée de la misère et de la pauvreté sur nos territoires.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’accepter l’appel à devenir président du Secours Catholique de Pyrénées-Gascogne ?

J’étais impliqué depuis six ans déjà au sein de l’association. D’abord, avec l’équipe d’accueil individualisé de Vic-en-Bigorre. J’ai participé aussi pendant deux ans au comité de pilotage qui a élaboré le projet de la délégation de Pyrénées-Gascogne. Plus récemment, j’ai rejoint l’équipe d’animation territoriale de l’Adour-Astarac, située à cheval entre les Hautes-Pyrénées et le Gers. Enfin, j’ai été appelé au conseil d’animation de la délégation. Quand l’ancienne présidente, Michelle Lauwers, m’a sollicité, au nom du bureau de l’association, pour prendre sa suite, j’ai pris le temps de la réflexion. Je suis très attaché à la pédagogie du Secours catholique, qui affirme que nous construirons une société juste et fraternelle avec les personnes en situation de pauvreté, et non pour elles. Chaque personne accueillie a des capacités d’action et de réflexion. Un autre aspect important de l’association pour moi est sa référence à l’Evangile. Cette source spirituelle, qui nous bouscule profondément parfois, constitue un vrai moteur dans mon engagement. J’ai décidé d’accepter l’appel qui m’a été fait. Dans cette nouvelle responsabilité, je pense pouvoir apporter certaines compétences, et contribuer à la prise de recul collective. Mon parcours professionnel m’a sensibilisé aux personnes en situation de souffrance. Après avoir démarré ma carrière comme infirmier diplômé d’Etat, à Bordeaux, j’ai passé des concours qui m’ont permis d’achever mon parcours comme directeur adjoint du Centre Hospitalier de Tarbes. J’étais responsable du département de gérontologie, spécialisé dans les soins apportés aux personnes âgées. Ayant passé dix ans à Tarbes avec mon épouse et mes deux enfants, nous avons tissé des liens solides dans les Hautes-Pyrénées. Quand l’heure de la retraite a sonné, nous avons décidé de rester en Bigorre. Cet engagement comme président du Secours catholique Pyrénées-Gascogne est une manière d’approfondir ce choix.

Quel diagnostic établit le Secours catholique concernant la situation des pauvretés en 2015 sur les départements du Gers et des Hautes-Pyrénées ?

Nous constatons le même phénomène de « fracture-mobilité » que dans la plupart des autres régions de France. Nos deux départements ont une identité rurale très forte. Dans les campagnes, nous observons que beaucoup de personnes souffrent d’isolement. Elles sont éloignées des services administratifs dont elles ont besoin, et ont des difficultés au niveau des transports, parfois peu présents, parfois trop coûteux. Dans le monde rural, comme en ville, et notamment dans les quartiers prioritaires, l’autre grand phénomène que nous constatons est celui du chômage et de la précarité professionnelle. A cela s’ajoute la difficulté, pour beaucoup de personnes en recherche d’emploi, de trouver des formations adaptées à leur profil et accessibles depuis leur domicile. Nous observons aussi une croissance du nombre des familles monoparentales. Ces personnes rencontrent de grosses difficultés dans leur vie quotidienne. Enfin, la situation des migrants dans nos deux départements est délicate, même si nous ne sommes pas confrontés à des phénomènes comparables à ceux des grandes villes comme Toulouse ou Paris.

Quelles orientations votre association met-elle en œuvre pour tenter de répondre à cette situation sociale en cours de dégradation ?

Dans son projet 2014-2018, intitulé « Tous serviteurs solidaires », la délégation du Secours catholique de Pyrénées-Gascogne a défini quatre orientations prioritaires. En premier lieu, la lutte contre l’isolement en milieu rural. Ensuite, l’accompagnement des personnes dans la durée. Nous avons pour vocation d’aller au-delà de l’accompagnement d’urgence, même si un premier « coup de pouce » est souvent nécessaire. Notre souhait est de permettre aux personnes accueillies de sortir durablement de leur situation de pauvreté ou de précarité. Ainsi, nous développons des actions dans des domaines très variés : l’accompagnement scolaire, les vacances familiales, les permanences médicales, l’appui administratif, les boutiques solidaires, le micro-crédit, le « Français langue étrangère », les « bistr’eaux » et autres espaces de convivialité, les voyages de l’espérance dans d’autres départements, etc. Nous agissons aussi sur le terrain en partenariat avec les autres associations caritatives, ou avec les partenaires institutionnels. Notre troisième grande orientation est le renforcement du bénévolat, qui constitue la colonne vertébrale du Secours catholique. Nous comptons dans les Hautes-Pyrénées et le Gers 25 équipes locales regroupant près de 500 bénévoles. Elles sont soutenues par une équipe de six permanents à la délégation. Nous souhaitons que les bénévoles soient davantage formés, reconnus et compétents. Enfin, notre dernière orientation consiste à favoriser le « vivre ensemble » dans l’accompagnement des personnes. Le Secours catholique appuie son action sur l’engagement collectif des bénévoles et aussi sur les dons du public, à travers des campagnes nationales de sensibilisation.

Quels sont les rendez-vous 2016 du Secours catholique de Pyrénées-Gascogne ?

Nous fêtons cette année le 70ème anniversaire de la fondation du Secours catholique par Jean Rodhain, à la demande des évêques de France. Parmi les rendez-vous proposés, une grande marche de la solidarité sera organisée entre le 20 et le 26 mai, à travers le Gers et les Hautes-Pyrénées. 50 à 100 personnes y prendront part. Elles se rendront en plusieurs étapes à la rencontre de la population des deux départements, pour y porter un message de fraternité.

Propos recueillis par Jean-François Courtille

Secours Catholique – délégation de Pyrénées-Gascogne – 51 rue de Traynès 65 000 Tarbes – Tél 05 62 51 01 16 – Mail : pyreneesgascogne@secours-catholique.org