Tarbes-Pau, dimanche à 15h00 : Un leader en quête de revanche

Les Palois n’ont pas du tout, à commencer par Simon Mannix, digéré la défaite du match aller due, avant tout pour lui, à une espèce de suffisance. Les Béarnais ont pris un coup de massue qui a eu des répercussions le week-end suivant avec une seconde défaite consécutive à Carcassonne. De plus cette large défaite avait redonné de l’espoir aux prétendants à la montée avec le retour à six points de Biarritz et de Perpignan à huit points. La trêve des Fêtes de fin d’année a lavé les têtes et les Béarnais sont repartis de plus belle et ont remis les pendules à l’heure de la montée en Top 14 ! Les Palois sont invaincus depuis la reprise avec trois victoires bonifiées au Hameau et deux victoires en déplacement à Dax et à Biarritz. Soit 23 points pris sur 25 possible !!! Avec dix-sept points d’avance sur son second, Pau est déjà en Top 14. Tous les clubs classés premiers, à l’issue de la vingtième journée, même avec seulement trois points d’écart, sont montés directement. Mieux, seul Auch en 2006-2007, avec dix-huit points d’avance, a fait mieux que la Section. D’ailleurs, les dirigeants ne s’y sont pas trompés et ont déjà fait leur marché à l’international avec une première grosse prise nommée Conrad Smith, qui devrait être suivie de quelques autres... La rumeur s’enflamme déjà autour du capitaine des All Blacks Richie Mc. Caw. Une rumeur démentie par les dirigeants, comme l’avait été celle de Conrad Smith...

Question de fierté et d’honneur

Même si Mannix est pris par le recrutement de la saison prochaine, c’est un Néo-Zélandais. La défaite au Hameau, contre une équipe mal classée qui possédait la plus mauvaise défense de Pro D2, l’a profondément choqué et vexé. Dans la même situation, un autre néo-zélandais, qui jouait à Lourdes, n’avait pas ouvert ses volets pendant deux jours et mort de honte, il n’était sorti de chez lui que le mardi soir pour se rendre à l’entraînement. Il s’appelait Vern Cotter et c’était après une défaite à Béguère contre un modeste club, mal classé, du Pays Basque profond. Nul doute que Simon Mannix va préparer tout particulièrement cette revanche qui lui tient à coeur. C’est avant tout une question d’honneur et de fierté. Pas question donc de galvauder une seconde fois les Tarbais. La Section arrive sur sa lancée de cinq victoires consécutives, dont une dans le derby basco-béarnais, qui a marqué les esprits. Les Palois filent à pleine vitesse vers le Top 14 et ils voudront de se racheter de cette défaite qui fait tache sur leur palmarès, car aucun des autres promus en Top 14 n’avaient perdu sur leur pelouse !

Et c’est peut-être là que réside une infime chance de renouveler l’exploit du match Aller. Car les Palois arrivent revanchards et sûrs de leur force. Les Tarbais eux, sont toujours amoindris par des absences et ils n’ont rien à perdre, si ce n’est leur fierté en encaissant une rouste à Trélut. C’est dans ces dispositions d’esprit qu’ils sont les meilleurs. Depuis leur victoire au Hameau, les Palois ne leur font pas peur, même s’ils les craignent à juste titre. De plus, compte tenu que Pau s’est imposé sept fois à l’extérieur, les Tarbais n’ont rien à perdre, par rapport au maintien, face à Massy, Narbonne et Dax, qui ont perdu leurs deux rencontres contre le leader. Grâce à sa victoire au Hameau, le TPR a déjà pris quatre points définitifs à ces trois équipes classées derrière lui. Quatre points que seuls Mont-de-Marsan, Colomiers et Carcassonne, ont pris aux Béarnais. C’est dire qu’une éventuelle défaite à Trélut ne serait pas préjudiciable dans la lutte pour le maintien. Par contre une seconde victoire relancerait à tout coup Tarbes vers l’avant.

Trêve salutaire pour le TPR

Cette trêve est tombée à pic pour le TPR qui a pu souffler et récupérer quelques uns de ses blessés. Casals, Timani, Manu, Thuries, Domec, sont de nouveau opérationnels. Alors que les Palois s’appuient sur un quinze type depuis la phase Aller, les Tarbais ont dû faire face à une hécatombe de blessures chez leurs meilleurs joueurs, dont trois (Siale, Veau et Laharrague) sont indisponibles jusqu’à la fin de la saison. Par contre, Grobler, Schuster et Domolaïlaï, devraient effectuer leur retour d’ici peu.

Arbitrage

C’est le jeune Thomas Charabas, 26 ans (Côte Basque-Landes) qui va diriger le Derby. Cette saison, il a dirigé huit matchs et ce sera la première fois qu’il arbitrera les Tarbais. Il était au sifflet lors de la correction paloise à Colomiers (50-10). Un mauvais souvenir pour les Béarnais qui avaient encaissé cinq essais et cinq pénalités et pour Jérémy Hurou qui avait pris un carton rouge. L’an dernier, pour sa première saison chez les pros, il avait arbitré Tarbes contre Béziers (23-17) et Agen (21-12 ) et avait distribué sept cartons jaune dont trois à Tarbes (Domolaïlaï, Haddon, Coetzer). Il avait arbitré les Palois à trois reprises contre Carcassonne ( 38-7), à Narbonne (25-19) et à Carcassonne (27-33). En tout, en comptant cette année, il a mis sept cartons (Domolaïlaï, Charlet, Charlon, Dray, Dutoit, Ramsay) dont un rouge (Hurou), à Pau contre six à ses adversaires.

Pau au dessus de tous

Pau survole la Pro D2 avec 72 points (16 victoires, 8 bonus) avec dix-sept points et cinq victoires d’avance sur ses poursuivants. En vingt journées les Palois n’ont perdu que quatre fois, dont une à domicile contre Tarbes (16-20). Les autres défaites ont été concédées à Mont-de-Marsan (15-6), la première lors de la neuvième journée, puis à Colomiers (50-10) et à Carcassonne (40-27). Des défaites groupées (9ème, 11ème, 14ème, 15ème) journées après une série record de huit victoires consécutives. Sur ses seize succès, Pau en a remporté sept en déplacement à Massy (12-14), à Béziers (22-23), à Bourgoin-Jallieu (12-17), à Narbonne (11-36), à Montauban (22-24), à Dax (8-20), à Biarritz (0-20) et neuf au Hameau contre Aurillac (41-3), Agen (26-21), Dax (22-15), Albi (35-10), Biarritz (41-6), Perpignan (22-19), Narbonne (25-12), Colomiers (45-10), Massy (26-3). Pour autant, une demi-douzaine de victoires paloises relèvent d’une grosse part de chance en toute fin de rencontre. Ce qui veut dire que même si Pau domine à ce point le championnat, ce n’est pas un extra-terrestre comme le prouvent les déculottées reçues à Colomiers et à Carcassonne et sa défaite au Hameau. Les Palois, après deux défaites consécutives, ont brillamment réagi par cinq victoires de rang, série en cours, trois bonifiées à domicile et deux à l’extérieur. Les Béarnais ont frappé fort à Biarritz en s’imposant largement. Ils se sont montrés à la fois opportunistes et réalistes en marquant un essai sur une pénaltouche alors qu’ils étaient en infériorité numérique. Ils ont tué le match à leur seconde occasion sur un essai de pénalité sur une mêlée à cinq mètres.

Un effectif de Top 14

Avec un budget de 9,7 M€, en hausse de 1,3 M€, Pau, qui est soutenu par Total à hauteur de 3 M€, est précédé seulement par Perpignan et Biarritz (11 M€), les deux ex-pensionnaires du Top 14. En prime la Section possède l’un des plus stables effectif de la Pro D2 et un des plus brillants avec ceux de Perpignan et Biarritz. Avec sept arrivées pour dix départs, les Palois ont fait le strict minimum, se renforçant depuis deux ans à tous les postes. Si Bougherara, Du Toit, Reynecke, Huete, Charlon, Manca, Boulogne, Hough, Valançon et Taumoepeau sont partis, Campo (Grenoble), Boutaty (Bayonne), Coughlan (Munster), Marques (Albi), Prat et Fajardo (Auch), Traille (Biarritz), ont renforcé le Groupe. L’arrivée, comme manager, de Simon Mannix (Munster), a aussi transformé la mentalité du groupe en apportant la rigueur néo-zélandaise à tous les niveaux. L’ex-ouvreur de Wellington, barré par Grant Fox puis par Andrew Mehrtens, n’a connu qu’une sélection avec les All Blacks mais il était considéré comme un des meilleurs demi-d’ouverture néo-zélandais de son époque. Il a joué à Sale et à Gloucester, avant de rejoindre la France comme joueur-entraîneur à Romans, puis comme entraîneur au Racing, avant de rejoindre le Munster en Irlande. Simon Mannix a réussi à faire monter Romans de Fédérale 2 en Fédérale 1, le Racing de Pro D2 et bientôt Pau en Top 14. Le Néo-Zélandais a emmené dans ses bagages le troisième ligne centre du Munster James Coughlan, international irlandais à VII et à XV. Une vraie bombe qui a poussé Bouilhou, sur le flanc de la mêlée. Avec Domolaïlaï, Solofuti, Barrère, Bernad, Monzeglio et Solofuti, la Section possède la plus belle troisième ligne de Pro D2 ! Le seul point faible des Béarnais, en cas de blessure, pouvait venir de la première ligne qui tournait avec cinq piliers Charlet, Jacquot, Natsarashili, Hurou et Fakalelu. Decamps et Moïse jouant peu. Mais l’arrivée du Néo-Zélandais Falefa (125 kg, 1,87 m) en janvier a renforcé ce secteur. Au talonnage Campo a pris le pas sur Boundjema. En seconde ligne, c’est du solide avec l’arrivée de Boutaty (1,95 m, 112 kg) qui s’ajoute aux Ramsay, Dry, Pierce et Fevre. A la mêlée Marques s’est imposé après la blessure de Moa et le jeune international Daubagna (21 ans) s’est affirmé. A l’ouverture le jeune international Brandon Fajardo (21 ans) titille Lescalmel. Traille apporte toute son expérience et sa classe au centre, associé à Fumat, Drouard, Bonnet ou Vatubua. Le Néo-Zélandais d’origine samoane Cardiff Vaega (Hurricanes), qui avait été recruté comme jocker médical de Traille, a été conservé. Aux ailes la Section possède de la dynamite avec Niko (7 essais) et Vunibaka (6 essais), doublés par Hiriart, Pourailly et Mazzonetto. Enfin à l’arrière Acébès est incontournable. En plus la Section dispose d’un atout supplémentaire avec l’analyste vidéo Elliot Corcoran venu lui aussi du Munster.

La formule magique de Mannix

Simon Mannix a remis la Section sur les rails en s’appuyant sur une équipe type qui reste sur cinq succès de rang. Depuis le début de l’année il aligne le même quinze de départ à part une ou deux exceptions par match pour cause de blessures. Jacquot, Campo, Ramsay, Dry, Bouilhou, Coughlan, Marques, Niko, ont débuté les cinq matchs. Domolaïlaï, Natsarashvili, Lescalmel, Vunibaka, Drouard, Fumat en ont commencé quatre. Acebes a débuté cinq fois mais à trois postes différents (arrière, centre, ailier). Le technicien néo-zélandais semble avoir trouvé la formule magique qui a permis à la Section de rebondir après deux défaites consécutives. Idem sur le banc avec les cinq feuilles de matchs de Daubagna et les quatre de Boundjema, Fevre, Solofuti et Fajardo. Moise, Charlet, trois fois, Hurou, Falefa, Vaega, deux fois, complètent ce groupe d’invaincus.

Confrontations antérieures

Sur dix-sept confrontations, les Tarbais en ont gagné seulement sept, quatre à Trélut et trois au Hameau. Les Palois se sont donc imposés dix fois, dont quatre fois en Bigorre.

Tarbes-Pau : 9-12 (Octobre 2013)

Tarbes-Pau : 24-14 (Septembre 2012)

Tarbes-Pau : 18-17 (Octobre 2011)

Tarbes-Pau : 21-22 (Octobre 2010)

Tarbes-Pau : 22-23 (Octobre 2009)

Tarbes-Pau : 3-8 (Mars 2008)

Tarbes-Pau : 9-5 (Février 2007)

STATISTIQUES

ATTAQUE

Points marqués : Pau : 496 points (2ème) / Tarbes : 406 points (9ème)

Essais marqués : Pau : 53 essais (1er) / Tarbes 33 essais (10ème)

Pénalités marquées : Pau : 50 pénalités (14ème) / Tarbes 61 pénalités (7ème)

Drops marqués : Pau 1 drop / Tarbes 0 drop

DEFENSE

Points encaissés : Pau : 311 points (1er) / Tarbes : 504 points (14ème)

Essais encaissés  : Dax : 21 essais (1er) / Tarbes : 50 essais (15ème)

Pénalités encaissées  : Pau : 57 pénalités (5ème) / Tarbes 59 pénalités (6ème)

Drops encaissés : Dax : 1 drop / Tarbes 1 drop

REALISATEURS

Pau : Lescalmel : 126 points (25 pénalités, 24 transformations, 1 drop), Marques : 72 points (18 pénalités, 9 transformations), Fajardo : 33 points (7 pénalités, 6 transformations)

Tarbes : Moeke : 188 points (1 essai, 45 pénalités, 24 transformations), Laharrague 44 points (12 pénalités, 4 transformations), Queheille 19 points (1 essai, 4 pénalités, 1 transformation)

MARQUEURS

Pau  : Niko (7 essais), Vunibuka (6 essais), Coughlan (4 essais), Bouilhou, Traille, Acebes (3 essais), Campo, Jacquot, Pourailly, Fumat, Boutaty, Drouard, de pénalité (2 essais), Ramsay, Fakalelu, Monzeglio, Daubagna, Iriart, Barrere, Dry, Domolaïlaï, Moa (1 essai).

Tarbes : Rubio (5 essais), Lilo, Costa-Repetto (4 essais), Vergallo, (3 essais), Cocagi, Veau (2 essais), Mirtskhulava, Chevtchenko, Tranier, Moeke, Queheille, Domec, Schuster, Haddon, Tourreau, Timani, de pénalité (1 essai)

DISCIPLINE

Pau  : 27 cartons dont 1 rouge

Tarbes : 26 cartons jaune

Jean-Jacques Lasserre