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Transhumance de la Bernatoire à Gavarnie : elles sont passées dans le brouillard

vendredi 1er août 2014 par Rédaction

Mercredi matin, avait lieu la transhumance des vaches de la Bernatoire. Comme chaque année, ce sont environ 1000 vaches qui quittent la vallée du Rio Ara pour venir pacager sur des estives plus vertes du versant nord en vallée d’Ossoue. Malgré le temps incertain et le brouillard, les randonneurs étaient nombreux pour voir cet événement annuel.

 

Illustration d’un passé qui reste moderne

Que ce soit en Aragon (Espagne) ou en France, l’estive est pour l’éleveur la continuité de son exploitation. Leur gestion depuis la nuit des temps, répond à la fois à un besoin économique et à une exigence naturelle : la pousse de l’herbe. Ainsi, le troupeau suit l’herbe et tout est question de gestion de l’herbe.

Les aragonais viennent en France, tout simplement parce que jadis les pastoraux ne connaissaient pas de frontières administratives. Seule l’herbe dictait leur conduite. Moderne avant l’heure ou tout simplement protecteurs naturels de leurs territoires, les éleveurs pyrénéens font de l’agriculture / élevage raisonné depuis bien longtemps.

 

Tradition raisonnée : les lies et passeries

Ces droits de pacages de part et d’autre de ce qui s’appelle aujourd’hui « la frontière » sont l’application des lies et passeries c’est-à-dire des accords passés entre les communautés rurales des vallées espagnoles et françaises. Ce sont, en fait des sortes de traités de paix perpétuelle entre ruraux. Ces accords règlent l’usage des bois, des eaux et des pâturages. Ils sont apparus autour de l’an 1000. Oraux aux débuts, ces accords deviennent écrits à partir du 14ème siècle. Ces accords deviennent de plus en plus difficiles à renouveler avec les guerres successives entre Rois et finissent pratiquement par disparaitre sous l’Empire. Ils réapparaissent avec le traité de Bayonne, conclu le 2 décembre 1856 et se poursuive de nos jours avec le plus grand bonheur de tous.

Pour ce qui concerne la vallée d’Ossoue, c’est l’exemple le plus parfait d’une Europe sans frontière avant l’heure en réglant les relations entre la vallée de Barège (sans le « S », c’est-à-dire le Canton de Luz appelé de nos jours Pays Toy) et la mancommunidad de la valle de Broto. C’est ce type d’accord toujours vivant qui a valu au site son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO en tant que paysage culturel. C’est dire toute l’importance que peut avoir le pastoralisme et la vie pastorale.

 

Des accords renouvelés

Chaque année, quel que soit le temps, les éleveurs barégeois représentés par la commission syndicale de la vallée de Barège et les bergers espagnols de la vallée de Broto en Aragon respectent les engagements pris probablement avant le 13ème siècle à une date fixée d’un commun accord en début d’été. Au cours de la seconde quinzaine de juillet, plus de 1000 vaches passent la frontière au col de la Bernatoire dans des conditions assez périlleuses. Ces vaches vont pouvoir paître jusqu’à fin septembre dans de bonnes conditions et, dans le même temps, vont entretenir les pelouses alpines de la vallée.

 

La matinée se termine par un bon repas entre bergers et élus au Pla de Milharis.

 

 

 

Louis Dollo